En 2005, Vincent Perriot est à 20 ans le lauréat de l’Alph’Art Jeune Talent au festival d’Angoulême, il publie en parallèle ses travaux sur le site coconino-world. Cette même année, il entre dans le collectif Clafoutis, qui va lui permettre d' éditer son premier récit, l'un des plus intimistes et singuliers : Entre-Deux.
On découvre au fil des pages de grandes illustrations en noir et blanc qui relatent l’errance de deux jeunes filles. Embarquées dans une décapotable, ces deux figures féminines offrent une œuvre d’une belle oisiveté.
Elles partent, suivent les routes de France, s’arrêtent pour faire une sieste dans un champ, à l’ombre d’un tracteur, se perdent dans une sombre forêt, rencontrent des personnages bien étranges, le tout sans donner un véritable but à leur voyage.
Un voyage qui va se teinter de mystère, avec un style proche des vieilles gravures, un grand art du détail et de nombreux jeux de clair-obscur. Les plans sont larges et les perspectives déséquilibrées vous aspirent dans le dessin.
L’auteur s’amuse à montrer des instants pris sur le vif et joue par moments sur la subjectivité de ce road-movie.
« Le voyage, c’est de ne pas tout comprendre. Cet album c’est une évasion, la mienne. Si j’ai choisi des jeunes filles comme modèle c’est pour avoir une plus grande liberté » ; en effet, le spectateur ne doit pas chercher à comprendre le but de cette balade, qui n’est finalement qu’une simple escapade, une belle définition du voyage pour l’auteur.
Ses influences ? Ce sont les « choses baroques » ou encore les gravures du Larousse. La poésie du dessin, la magie de l’évasion et la transformation de l’anodin en émerveillement, telles sont les sensations que nous offre cet album tout à fait à part.
Sarah